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Recueil de poèmes de Lorraine Gaboury

 

 

   Si j’apprenais qu’il me reste trois quarts d'heure à vivre…

 

Je prendrais un bain aux huiles aromatisées… aux huiles essentielles !  Je me vêtirais d’un vêtement léger.

            Je me verserais pour la dernière fois un dernier verre de xérès, et très lentement, grillerait une dernière cigarette.

            Un peu excité et le cœur battant, je penserais à mon réel rendez-vous avec l’amour. OUPS !  Je voulais écrire, la mort.

            Un dernier regard à mon miroir.  Qui est cette femme qui me regarde derrière cette glace ?  Je fixerais longuement ce regard triste mais fier !  Je lui dirais mille fois merci pour le courage animale de toutes ces années…  Avec tendresse, je lui sourirais amicalement peut-être pour la première fois.  Faisant taire mon cœur indompté, à la recherche de l’absolu, ce cœur si souvent exalté, si souvent déchiré.  Sachant maintenant que je suis presque arrivée aux rivages de l’Eternel, je n’exigerais plus rien d’elle, de cette femme de mon miroir.

            J’enlèverais ma montre.  Quelle importance que ce tic-tac du temps qu’il me reste ?  Ne suis-je pas   à  un quart d’heure près de l’intemporel et de la délivrance ?

            Je laisse donc ce dernier quart de mon temps au poète en moi.  Ce poète silencieux qui m’a si souvent réchauffée au Feu Sacré de l’éternité.  Pour une dernière fois, j’écouterai le ronronnement du chat.  Et s’il n’est pas encore rentré, en fermant les yeux, j’en aurais souvenance !  Je me souviendrai aussi de l’encens de l’herbe fraîchement coupé.  Je respirerais les sels du feu de bois et me rappellerais d’hier, quand j’avais froid, quand j’avais peur, quand j’avais faim…  Quelle importance maintenant ?  Fini l’inquiétude le passé est mort bien avant mon départ.

            Je m’allongerais alors sur mon lit.  Et en fermant doucement les yeux, je ferais taire mon mental.  Il mérite son repos, je ferais semblant que je suis comme une princesse dans un conte de fée.  Ou comme Bouddha sous son arbre avec un sourire oriental serein et purifié.  Un ego qui meurt, dans le calice de son Soi, mérite tout mon respect.  Puis d’un geste lent, je porterai ma coupe aux lèvres, lapant ce vin délicieux, dont aucune goutte ne sera perdue.  Je porterai ce dernier toast  à tous mes combats et  à toutes mes défaites.   Je serais reconnaissante de mon accomplissement.  Car mourir est bien un accomplissement et j’ai toujours fais de mon  mieux.  Toujours j’ai cherchée la vérité.  J’ai appris que l’amour commençait avant tout avec nous-même.  Comme j’ai souffert pour en arriver là.

            Et oui, enfin, je sourirais du sourire du Bouddha ayant atteint son Nirvana !  Sourire serein et fort comme la Résurrection d’un Christ qui a vaincu toutes les trahisons, les humiliations, tous les démons et même jusqu’à la mort elle-même.

            Mais voilà qu’un quart d’heure cela passe vite.  Déjà l’éternité s’écoule dans mes veines, qui sont devenues froides mais qu’ailleurs, je le sais, je le sens, en dedans de moi tout se réchauffe.

            Je pars donc en pleine ivresse au cœur même de la vie.  Silence !  Car c’est maintenant l’heure !  Il faut bien que le grain meure…


 


 

 

  L'ultime Abandon... .
 

Silence!  Juste un murmure! À peine un frisson intérieur pour témoigner
de la vie en moi.  Et puis... Silence!  Pas un geste d'espoir, pas même
une petite victoire. Rien!

Rien qu'un coeur qui bat et qui bat plutôt mal.  Fatiguée de survivre en
naviguant à contre courant!  Abandon!  Me laisser couler...
M'abandonner, vaincue.  Pour la première fois l'aigle en moi baisse la
tête... Le cygne a chanté et les cigales se sont tuent...  Grillée la
dernière cigarette, bu le dernier verre de rhum...

"Tais toi," me disent les vagues de la mer.  Mais pourquoi me tairais-je?
Pourquoi n'aurais -je pas le droit de crier mon désespoir?  Ne suis-je
pas abandonnée et à la merci des caprices d'une évolution sans pitié?
"Passe ou casse", me répètent les vagues en léchant les rochers....  Et
je ressens en moi, dans les profondeurs de mon être, l'ultime abandon...

Le soleil a brûlé ma peau.  Et mon âme a soif!  Mais je n'entends pas le
cri du porteur d'eau.  J'ai faim aussi.  Mais hélas l'arbre n'a pas tenu
sa promesse et il n'a donné aucun fruit!

Le clocher de la vieille église ne sait plus carillonner comme jadis
il le faisait autrefois.  Et toute prière est devenue pour moi comme
une insulte semblable aux chrétiens romains d'autrefois qui mourraient
crucifiés au nom de leur foi...

La table est desservie, tout est rangé.  Tout est en ordre. Même trop.
Et qu'importe si une comète déchue frappe un Jupiter géant!  Après tout,
il y aura toujours plus fort et plus faible que soi dans l'ordre
cosmique que le Bon Dieu a fait.  C'est ce que la vie m'a apprise. 
Oui, car parait-il, que tout est en équilibre parfait dans ce 
GRAND INCONNU, qu'est l'UNIVERS!

Mais si moi je refuse cet équilibre qui me dépasse.  La terre, je le
sais continuera à tourner sans moi?  Alors!

Ce soir, je me sens comme une hostie qui déborde d'un calice oublié...
Et le vin est redevenu sang.  Je suis comme cette vieille église qu'on
a négligée de réparer quand la terre a tremblée et l'a brisée...  Je
suis comme cette prêtresse dont les mains ne s'élèvent que pour
épousseter un Christ toujours ensanglanté...

Mais j'y pense!  Toi aussi Seigneur tu t'es déjà senti abandonné,
n'est-ce pas?  Aides moi à me relever... Tu seras mon arbre et je serai
ton fruit... Comme deux acrobates qui ont confiance l'un dans l'autre,
je prends le risque et je fais le saut, m'élançant de ma croix à la
tienne...  Saut périlleux à n'en point douter, mais dans une foi
profonde et dans un ultime abandon!
 





 

  Souvenir… Souvenance….

 

            J’avais six ans. Tu en avais sept.  Nous avions l’âge où la vie est encore un jeu.  Où du moins, devrait l’être.  Mais voilà que ce jour là, la vie en avait décidé autrement et que ton pendule temps c’est arrêté…

            Souvenir !  Ce soir, je pense à toi mon frère chéri, compagnon de mes jeux d’enfant, mon double, mon siamois !

            Souvenance !  J’avais refusé de continuer notre jeu de balle.   Le temps d’entrer dans la maison et c’est alors que ton cri se fit entendre…

            À cet âge là, je n’avais pas encore vraiment rit, ni vraiment pleuré non  plus.  C’est avec cet esprit d’innocence que je t’ai vu étendu sur l’asphalte, devenu ton lit de mort.

            Gibran écrivait à propos de la joie et de la tristesse.  « Ensemble elles viennent et quand l’une vient s’asseoir à votre table, rappelez-vous que l’autre dort sur votre lit. »

            Je n’eus aucun geste vers toi.  Pas un seul cri à ton adresse.  Pas même une larme.  Juste un regard, celui d’un témoin et en même temps celui d’un adieu silencieux…  bien qu’inconscient.  Je t’observais sans rien dire.  Sans trop comprendre non plus.  Ma joie et ma tristesse c’était confondu comme un poème de Gibran.

            Je ne comprends pas pourquoi mais l’ambulance n’arrive pas.  Le curé et le médecin sont  présents.  Que t’arrive t-il ?  Il constate ton décès.  Ton pantalon est déchiré.  Quel coup de violence !  Maman recouvre ton corps par respect probablement.  Mais toi.  Toi tu es déjà mort.  Tes yeux sont restés ouverts, et ta bouche est mi-close.  Le choc sûrement !  Une larme à eue cependant le temps de se glisser sur tes joues si pâles.  « Cette goutte qui meurt en s’évaporant, après avoir témoigné. »  C’est ton dernier signe d’amour pour nous.  Mère, comme tu dois avoir eu mal en refermant les paupières de ton fils bien-aimé.  C’est aussi pour lui ton dernier geste d’amour !

            Souvenir !  Quelqu’un te transporta sur le divan du salon.  Le curé était resté avec nous.  J’étais allée m’asseoir en retrait des autres.  Je te regardais dormir, en attendant que le petit Jésus vienne te chercher.  Il était déjà tard lorsque des hommes vêtus de blanc vinrent à la maison, t’enveloppant dans un drap blanc comme leurs uniformes !  Ils te prirent dans leurs bras comme on arrache un rameau fleuri, sans se préoccuper de la douleur de l’arbre amputé.

            Pour apaiser nos cœurs troublés, maman nous dit que tu t’en allais au paradis.  J’étais triste de ne plus te revoir, te parler, et en même temps, contente pour toi.  Le Paradis !  La félicité !  Le Chanceux !

            C’est ainsi que je fus apaisé jusqu’à  ce que je te revoie le lendemain, dans ce même salon mais cette fois dans un cercueil !  Quel horrible lit pour se rendre au paradis !  Pour longtemps, notre salon fût pour moi, un salon funéraire dans les années 50.  Lentement, je me suis approché de toi.  J’eu très mal  Ma première vraie douleur.  Mon premier deuil.  Tu ne semblais ni heureux, ni vivant.   Et tu étais si froid !  Tu auras sûrement très peur lorsque sur toi, se refermera le couvercle…  Et cette odeur d’encens funèbre me rendait catégoriquement malade…

            Sans dire un mot je me suis agenouillée près de la fenêtre de la cuisine.  J’y suis restée une éternité.  C’est à dire les trois jours de ton exposition.  Je refusais de manger et je n’allais plus à ton tombeau.  Comment allions-nous communiquer, pensais-je ?  Je voulais te dire que moi aussi j’avais très peur et que j’étais triste.  Tu étais mon seul ami, toi qui me ressemblais comme un jumeau. 

            Les visiteurs compatissants me dérangeaient énormément.  D ‘autant plus qu’ils s’inquiétaient  pour moi.  Tout me faisait maintenant si peur.  L’inconnu et ses mystères !  Le mystère du cercueil surtout, aura été pour moi le commencement d’une profonde solitude intérieure.  Une trahison profonde, la première dont j’ai pris conscience.  Jésus ne s’amuse qu’avec les morts ?  Le ciel, était-ce un cimetière ?  Mon premier grief avec Dieu d’ailleurs.

            Pour me sortir de ma torpeur, une tante que je connaissais à peine, suggéra de m’emmener chez elle après les funérailles.  Moi je ne voulais pas y aller.  Je ne voulais aller nulle part.  Comme une tigresse en captivité, je faisais le tour de ma cage en cherchant une faille pour m’en sortir et déjouer ce cirque qu’est le séjour terrestre.  Où tout nous observe et décide pour nous !  Maman insista, me disant que ça me ferais du  bien.  Elle qui pourtant, ne cherchait pas de consolation en dehors d’elle-même.

            Nous nous sommes dit adieu à l’intérieur d’un trou creusé en terre pour toi.  C’est là le ciel ?  Non merci, pas pour moi !  Ce jour-là, on m’a offert une poupée pour compenser le vide que ton départ morbide avait provoqué en moi.  Elle était si laide !  Une fois  revenue à la maison, je l’ai enterrée sous le monticule de sable où nous jouions jadis.  Il y avait maintenant un cimetière dans notre jardin d’enfance et un autre dans mon cœur…

            Les années ont passées depuis, imprimant dans mon cœur l’espoir d’une résurrection.   Comme c’est triste Joseph mon frère, une tombe qui se ferme…  J’ai dû apprendre à en fermer plusieurs depuis.  Tantôt dans le silence, tantôt avec un cri ressemblant étrangement à celui du loup.

            Un jour, je le sais bien, quelqu’un d’autre se penchera sur la mienne et la vie continuera cependant comme elle l’a fait après ton départ, il y a si longtemps maintenant ;  car rien de nouveau sous le soleil…

             Avec le temps, j’ai appris à accepter la mort.  La mienne surtout.  Tous ces deuils et ces détachements m’ont permis d’accepter de me taire lorsque notre mère la terre me demandera de lui remettre « son corps » que je croyais mien.  Comme un grain de blé, afin qu’il renaisse épi.  Car autrement, la mort n’aurait aucun sens et la Foi non plus, qui est justement une relation de confiance.  Il faut donc que la mort soit un accomplissement.  Toi frérot, tu le sais maintenant, n’est-ce pas ?

            Dans un autre jardin, tes racines ont prit vie et tes rameaux ont fleuri.  Dis, c’est ça n’est-ce pas ?  C’est la raison pourquoi, « il faut que le grain meurt… » 
 




 

  Fête Païenne 

 

J’ignore si c’est un vieux reste de rythme païen qui m’habite 
depuis toujours, mais ce soir encore, j'ai envie de danser autour 
d’un feu de joie que j'aurais moi-même allumé !

Danser jusqu'à la transe.  Rire à m'en faire mal..  Ne plus prier, 
d’ailleurs  le ciel n’entend pas !  Seulement hurler pour réveiller 
ce qui en moi dort encore à cette heure tardive…

Qu’est-ce qui en moi est resté endormi ?  Mon  ombre ? 
Je voudrais une bonne fois la nommer par son nom. 
La remodeler à nouveau. 
Pas avec de la terre mais avec ma propre chair. 
Lève-toi Lorraine Gaboury, Ombre et Lumière ! 
Car la danse va commencer !

Salut Héra !  Je connais ta secrète jalousie mais aussi ton 
grand amour…  Ton sang de déesse s’est mêlé au mien, 
et je fais maintenant partie des tiens….

J’aperçois Déméter dans son étrange univers, qui d’un pas, 
par amour pour sa fille retombe aux enfers … 
Je danse au nom de la mère et de la fille, 
je danse pour l’amour de la terre !

Que tous ceux qui ont froid descendent des cieux et 
viennent danser autour de mon feu !
Au nom du Père et du Fils, je danse aussi !

Ève est là, séduisant le serpent… 
Mais où donc est passé Adam ? 
Aurait-il encore honte de sa nudité ? 
Je danse pour l’humilité ! 

Et Marie ! Marie !  Qui me regarde en silence, 
sans entraver ma danse , 
me croyant engrossée de l’Esprit moi aussi… 
J’admire sa tolérance, son respect et son silence. 
Elle qui connaît notre misère humaine et tous nos secrets … 
Devant Elle je passe  les mains jointes et le cœur brisé … 
Et Elle le sait !

Sous le regard amusé de Jésus, je lève mon verre, 
buvant dans ma coupe le vin de sa vigne … 
Lui si humble, me sourit amicalement devant mon extravagance ! 
Essoufflée d’avoir trop dansé, je m’arrête devant Bouddha, 
puis d’un sourire serein, je passe mon chemin. 
Je refuse le Nirvana quand je sais que mon âme est aux enfers. 
Une lambada pour les enfers ! 

C’est pour toi, l’Amour, que je suis descendue aussi bas, 
pour m’abreuver à ta source et vibrer à ton pas….

Je danse pour tous les dieux et les hommes de bonne guerre. 
Que dieux et hommes adhèrent à ma fête.. 
Ici nous sommes tous égaux. 
Que de souffrance pour une pomme croquée …

Et si c’était à recommencer ? 
Ouf !  Allons Adam mon âme-frère, reviens ! 
Les dieux se sont maintenant apaisés ; 
et tu ne cours plus aucun danger,
je danse pour la fraternité !

  



 

 Lettre à une amie…
 

            Chère Amie,

         Nous voici en septembre.  C’est à mon avis, le mois le plus beau de l’année.  À chaque retour de septembre, je me sens mieux, comme si l’air c’était soudainement purifié tout d’un coup… au contact de la beauté !

         Quoi d’autre encore résonne en septembre ?  L’arbre a donné ses fruits et la terre sa semence.  Et bien que tout frisonne, c’est tout simplement infiniment beau !

         Sans doute, suis-je née sur un tapis de feuilles mortes… pour y renaître à chaque année.  Moi qui aimais tant sentir l’odeur de la terre, savourer les légumes croquants du jardin de ma mère, alors que toute mouillée de la vie secrète de la terre, toutes plantes laissaient dégager un parfum sauvage.

         Septembre me ramène tout cela et plus encore…  Entre les pissenlits envolés, me reste la maturité des fruits.  Et que dire des champignons ?  Leur toucher me rappelle que tout ce qui sort de la terre est bien vivant.  Tout est « chair » à sa manière.  Bien que certains fruits soient empoisonnés, hélas.  Et que dire des chardons qui, se collant  à mes bas, taquinait ma patience ?  J’en ri aujourd’hui…

         En ouvrant le coffre de cèdre, j’ai trouvé les châles de laines que nous tricotions.  Que de souvenirs ont resurgit alors, de ces soirées tièdes de septembre, où assises, l’une près de l’autre devant un feu que tu ne cessais d’alimenter… Tu te souviens ?  Et pendant que nous tricotions, les enfants cachés sous les feuilles ramassées en tas, ne répondaient pas à nos appels.  Par leurs silences, voulaient-ils que nous participions à leurs jeux de cache-cache ?

         Et toi, bourgeon d’avril, tu m’appelais ta feuille d’automne, celle pour laquelle on se penche pour ramasser, celle qu’on évite de piétiner…

         Les enfants ont  grandit depuis, et nous, nous voilà toutes deux dans l’automne de notre vie.  Mais qu’importe si on est un peu plus vieilles puisqu’ils nous restera toujours nos souvenirs, que septembre  ramènera toujours avec les ans !  Comme une communion d’abondance et de bénédictions !

         Même  séparées l’une de l’autre, il y aura  toujours entre nous, l’odeur du feu de bois pour nous rapprocher.  Son crépitement et ses étincelles qui montent au ciel pour nous revenir chargés de nos souvenirs ardents tels des feux d’artifices.

         Et l’herbe mouillés qui en lavant nos pieds laisse sur eux le vrai parfum dont secrète la terre.  Comme elle est grandiose la magie de septembre !

         Cette année, j’ai le goût de revivre cette transition de la nature avec toi.  Quel cadeau d’anniversaire cela serait pour moi.  Avant donc que vienne la saison morte, avant même que nous-même, ne soyons plus qu’un souvenir dans le cœur de la terre, prenons une pause et régalons nous de toute cette abondance, avec reconnaissance.

         Allons , reviens vite petit bourgeon d’avril, ta feuille d’automne t’attends.  Et  puisque c’est en septembre, profitons de l’instant présent.  Quelle belle imagination divine !  La forêt est encore une peinture humide sous le pinceau du peintre.  Et ca sent bon, bien qu’il n’y ait plus ni roses, ni lilas….

                                                                  Ton amie

 


 

  Un certain parchemin de vie…
 



" Accompli chaque acte de ta vie comme s'il devait être le dernier ", écrivait Marc-Aurèle.


Si tu devais être mon dernier poème
Je voudrais qu'il est le goût du miel chaud
Tout juste sortit des entrailles de la vaillante abeille.

Un auteur inconnu a écrit, " Ce n'était rien, ce n'était qu'un peu de miel
Mais il m'a réchauffé tout le corps… "


Et puisque que c'est dans l'adversité
Que s'aiguise notre adresse
Devant toi, j'ose et je me redresse
Essayant de t'écrire avec le moins de maladresse
Ce poème qui s'écoule de moi comme un dernier geste.

Sur ce " poème parchemin " de notre mutuelle détresse
Je veux y faire naître une poésie vêtue comme une déesse
Car c'est ainsi que je te vois :
Belle, Grande, Divine, et je te contemple
Te sachant la déesse de ton propre temple
Et m'inspirant ma propre délivrance
A travers notre mutuelle souffrance.

Faire comme si ce poème était mon dernier acte
Celui de mon dernier jour
Venant t'écrire ainsi mon dernier mot d'amour.

Toi qui jamais ne demande rien
Je ne sais ce qui te ferais du bien
Comme l'a chanté Brel : Elle avait l'œil du Berger
Mais le cœur de l'agneau.

Que peut alors offrir mon cœur d'agneau
Quand l'œil du Berger l'a abandonné seul dans son enclos
Parmi les loups ?

J'ai beau y mettre mon âme en Feu
Je n'y vois que cendre…

" Nul ne peut atteindre l'aube
sans passer par le chemin de la nuit " a écrit Gibran.






Comme elle est noire et dense la nuit de notre deuil
Mais si, dans quelques heures, l'aube doit se lever
Et briller à notre seuil
Alors oui, je te le ferai beau mon poème d'agneau
Et de miel chaud..
Où de loin j'aperçois l'œil du Berger, qui depuis toujours
Veillait sur nous…

De la tristesse à la sérénité
De la solitude à notre grande vérité
De notre don de soi jusqu'à la trahison
Je viens te parfumer d'immortalité

Comme Marie-Madeleine au pieds du Maître
Je comprend maintenant le vrai sens du voyage
Partir de l'orgueil et se rendre à l'humilité
Partir d'une graine de rien
Pour devenir, fruit nourrissant
Et c'est alors que la vie qui vivait en nous
Atteint son apothéose…
Et que de mon mieux, j'essaie de glorifier
Dans ce parchemin de ces maladroits quatrains….
Sans trop polir comme tu me l'a enseigné
Afin que le diamant ne redevienne simple cailloux…

" La vie est une rose
respire là et donne là a ton ami " proverbe afghan
La vie est aussi dans ce poème, remplis de toute ma peine
Voulant rejoindre la tienne
A toi qui souffre et qui me lis, tu parfume ces mots
Et on se rejoint comme un anneau
Dans une alliance fraternelle…

Quelle est grande la joie d'un auteur
Qui a su toucher le cœur d'un lecteur
C'est comme avoir flirté avec le Dieu de la Vie
Et de fruit, même ceux défendus, en être engrossie
Pour qu'une fois encore, la vie renaisse
Dans nos propres corps
Et que l'Esprit se refasse chair
Et que notre cœur cesse d'être une pierre

Ô mon Dieu, comme je le voudrais beau
Mon poème, mon dernier acte d'amour
Mon dernier geste humain



Car je le sais maintenant
Il n'y a pas de petits rôles
Mais que de petits acteurs

Et losqu'un acteur devient aussi auteur
La coquille laisse alors échapper sa perle
Et le grand Œuvre est ainsi accomplit…

On se relève soi-même et on s'applaudit
On est revenue à la vie !
Cette vie qui nous enrôle pour faire de nous de grands acteurs !

Nos larmes sont alors de vrais larmes
Nos rires sont de vrais rires
Et lorsqu'on dit : Je t'aime,
On aime vraiment.
La vie nous ayant apprit le vrai du faux.

Comme on est loin de la chance du débutant
Puisque la vie nous a trouvés digne de l'épreuve du conquérant…

Et si nous nous rencontrons à nouveau un jour…
Nous vivrons ensembles, ne serait-ce que d'un regard
Ce qu'être élue veut dire .

C'est avec le cœur plein d'amour
Que je quitte ton temple sacré
Pour me recueillir dans le mien, glorifié !

Je t'ai laissé de ma moisson
En parcourant ma maison
Comme une prêtresse, je t'ai offert mon offrande
Comme une déesse tu la reçue, et ça sent bon !
Ça sent la lavande, ici dans mon propre temple.
C'est l'encens de notre propre mystère
Et de notre entière complaisance…

 Lorraine Gaboury
 


 

Suite page 2 ...
 

 

 

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